L’association SEMAPHORE a pour objet de développer tout ce qui peut protéger, favoriser et promouvoir une gestion durable des espaces maritimes (Mor Braz) et côtiers situés entre la presqu’île de Quiberon et Guérande, y compris les bassins versants.
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mercredi 3 mars 2010

Un arrêté complémentaire du Préfet : un triple aveu qui arrive trop tard.

L’arrêté complémentaire du Préfet (dont vous trouverez ici une copie intégrale) qui prescrit de nouvelles mesures au Syndicat mixte pour les travaux de dragage du port de la Trinité-sur-Mer constitue un triple aveu donnant raison à toutes les actions des associations et des élus qui ont relayé les craintes des populations du littoral.

1er aveu : dans l’existence même de cet arrêté qui complète le premier en date du 28 août 2008. Dans notre document « 10 raisons de refuser l’immersion des « vases » du port de La Trinité-sur-Mer… », nous avions soulevé « un suivi insuffisant des opérations de dragage et d’immersion ». Les nouvelles dispositions prévues dans cet arrêté sont plus contraignantes et le suivi prolongé après les travaux.

2ème aveu : ces nouvelles mesures sont motivées par « la présence du tributyl étain (TBT) dans les sédiments manipulés » celle-çi est ainsi actée. Dans nos « 10 raisons… », nous avions dénoncé « une contamination au TBT … après immersion ». N’en déplaise à ceux qui ont minimisé ce risque, cet arrêté remet donc en cause le dossier de déclaration des travaux et son instruction. Cette contamination a été minimisée dès le départ afin de pouvoir passer entre les mailles de la réglementation et du principe de précaution.

3ème aveu : nous avions dénoncé « une absence d’analyse des sédiments durant les travaux », l’article 1 du nouvel arrêté prévoit des mesures hebdomadaires sur 3 points pendant le chantier. De surcroît, « un suivi biométrique des huîtres sera conduit sur des concessions ostréicoles afin de détecter d’éventuels phénomènes de chambrage qui seraient révélateurs d’une contamination des coquillages par le TBT. » un mois après la publication de l’arrêté ….donc en fin de chantier ! Le risque sur les coquillages est connu depuis plus de 30 ans (cf l’article sur la contamination au TBT dans la baie d’Arcachon sur notre blog.) En pleine crise de l’ostréiculture, ces travaux sont un véritable « coup de poignard dans le dos de la profession » qui n'en n'avait pas besoin.

Nous ne pouvons que nous réjouir que nos craintes soient enfin reconnues mais nous dénonçons avec autant de convictions le caractère trop tardif de ces mesures. Nous demandons l’application au titre du principe de précaution la révocation de l’autorisation prévue dans l’article 3 du nouvel arrêté et l’arrêt immédiat des travaux.

lundi 1 mars 2010

Tempête XYNTHIA : un communiqué de FNE et Mor Braz concerné

Nous publions intégralement le communiqué de France Nature Environnement (FNE) sur la catastrophe qui a touché le littoral de Vendée et de Charente Maritime ce week end en faisant plusieurs dizaines de victimes sur le passage de la tempête XYNTHIA.

Notre région le littoral de Mor Braz a été peu touchée cette fois-ci, mais les évènements de ce week-end doivent renforcer la prise de conscience des populations et des décideurs sur les risques littoraux qui accompagnent le dérèglement climatique et la montée des eaux.

Lors du week-end sur l'environnement en octobre dernier organisé par la Communauté de communes de la Presqu'île de Rhuys une première sensibilisation a été faite avec les deux conférences de Jean JOUZEL et Laurent LABEYRIE sur les changements climatiques et les répercussions dans notre région. Au cours de la table ronde du groupe "trait de côte" une première présentation a été faite d'un point de vue historique par Guy TOUREAUX sur "Rhuys au péril de la mer", mais aussi par deux techniciens de l'ex Direction de l'Equipement (DDEA) avec une première approche de la carte des risques du littoral du Morbihan (article d'Ouest France du lundi 26 octobre 2009). Nous reviendrons sur ce sujet prochainement dans notre blog.

Afin de se préparer à des évènements climatiques exceptionnels comme celui de ce week-end avec la tempête XYNTHIA, il est important d'intégrer ces nouvelles données dans les documents d'urbanisme comme le SCOT dont nous déplorons son caractère peu maritime dans la première présentation qui a été faite de l'état des lieux. Un volet littoral du SCOT de la presqu'île de Rhuys serait pertinent comme le prévoit les textes.

Enfin, il n'y a pas de prévention aux risques majeurs sans une sensibilisation de la population, on peut regretter que le week-end de l'Environnement de l'année dernière sur lequel nous fondions beaucoup d'espoir reste au niveau des déclarations d'intention, de la parole ....mais peu dans les actes.

dimanche 28 février 2010

Il y a 28 ans les dégâts du TBT sur les huîtres provoquent son interdiction partielle !

Il est parfois utile de revenir sur les retours d'expérience et nous avons trouvé dans la revue METROPOLIS n° 54/55 publiée en 1982 un article intitulé "Le bassin d'Arcachon un site antenne de pollution" qui résonne étrangement avec la situation que nous connaissons aujourd'hui avec les "vases" de la Trinité-sur-Mer.

Une pollution pas frappante mais nocive
Partant du constat que la situation géographique du bassin d'Arcachon (une baie fermée) subit une pollution non spectaculaire mais réelle issue d'un déséquilibre invisible "dû à un apport dans l'eau de mer, de quantité infinitésimales de métaux lourds, de biocides, d'herbicides et de détergents." l'auteur décrit les dommages : "Depuis 1976, le captage d'huîtres est devenu nul. De plus, la qualité des produits s'est progressivement dégradée, par défaut de calcification et formations de poches contenant des matières nauséabondes".

L'anti-fouling et son TBT coupable
L'auteur Dominique BORDES-SÜE par ailleurs responsable d'une mission scientifique pour la coopérative d'ostréiculteurs désigne l'anti-fouling comme le responsable de cette mortalité des naissains : "Des études scientifiques ont établi un lien de cause à effet entre ces deux éléments (anti-fouling et mortalité des naissains) : l'anti-fouling contient un produit actif, l'acétate de tributylétain(TBT) dont cinq "partie par billion" suffisent pour tuer les larves d'huîtres en 24 heures."

Les mesures immédiates
Le constat se termine par une proposition de bons sens : "Au premier rang des mesures à prendre immédiatement, figure l'interdiction des peintures anti-fouling." Elle interviendra en 1982 pour les bateaux de moins de 25 mètres et en 2004 pour tous les bateaux sauf les navires de la Marine Nationale qui peuvent continuer à les utiliser.

Le TBT aujourd'hui est encore présent et reste nocif
Le TBT reste capté dans les vases et reste actif durant une période qui peut s'étendre sur 20 ans. Selon un document de l'Union des associations de navigateurs du Morbihan- UNAN daté du 17 novembre 2009 "La production actuelle de TBT était estimée à environ 50 000 tonnes dans le monde en 2002, dont 3000 tonnes seraient utilisées en France". De surcroît, toujours selon cette note de l'UNAM "certaines études de contamination par le TBT mentionnent des fraudes massives sur l'usage illégal du TBT en Bretagne Ouest".

Vous pouvez lire intégralement cet article qui n'a pas perdu de son actualité. Près de 30 ans se sont écoulés depuis et malheureusement certains décideurs du Morbihan restent sourds aux expériences et aux évidences scientifiques. Il faudra encore beaucoup de mouvements d'opinion pour faire du "principe constitutionnel de précaution (article 5)" un véritable guide pour l'action publique en mer.